Le plan sectoriel de la gestion des eaux fixe les objectifs, les priorités d'action et les moyens à mettre en oeuvre dans les différents domaines de l’eau.
75% de l’eau potable consommée dans le canton de Fribourg provient des eaux souterraines. Depuis 2025, le canton dispose d’un plan sectoriel des infrastructures d’eau potable qui vise à garantir la qualité et la quantité d’eau distribuée à long terme.
Les eaux souterraines sont soumises à des pressions et risques liés :
- aux changements climatiques ;
- à l’agriculture ;
- à l’urbanisation et aux infrastructures ;
- à l’exploitation des ressources naturelles.
Le SEn est chargé de surveiller et protéger les ressources en eau souterraine, mais également de planifier à long terme l’approvisionnement en eau potable de la population du canton.
La surveillance de la qualité des eaux souterraines du canton est planifiée en campagnes annuelles :
- la campagne NAQUA, conduite par la Confédération depuis 2002 (19 stations). Elle met l’accent sur des polluants tels que les nitrates, les résidus de pesticides, les marqueurs d’eaux usées et d’autres composés d’origine anthropique ;
- la campagne ESoutQual, menée par le SEn depuis 2004 (68 stations). Elle met également l’accent sur des polluants ciblés mais aussi sur quelques substances d’origine essentiellement géogène telles que les chlorures et les sulfates ;
- la campagne Zu permet un suivi de l’évolution de la teneur en nitrates de 26 points de mesure pour lesquels cette problématique est présente.
Diagnostic
- Les pollutions des eaux souterraines par des nitrates et pesticides en provenance des activités agricoles demeurent très marquées notamment dans le nord et l’est du canton.
- La mise sur pied de projets de réduction des nitrates dans l’agriculture (aires Zu) permet une baisse notable de la teneur en nitrates dans les eaux souterraines concernées.
- Plusieurs communes ne disposent pas de ressources suffisantes en cas de sécheresses importantes et durables qui deviendront plus fréquentes avec le changement climatique (voir les bilans d’eau par distributeur ci-dessous).
Bilans d’eau par distributeur (2016-2020)
Situation en période de besoin maximal couplé à une disponibilité minimale (débit d’étiage) – par exemple en période de sécheresse
Nitrates dans les eaux souterraines et dans l’eau potable (2023-2024)
Produits phytosanitaires dans les eaux souterraines (2023)
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La surveillance de la qualité des eaux superficielles joue un rôle crucial dans la préservation de l'environnement et la santé publique. En identifiant les déficits quantitatifs et qualitatifs, les autorités peuvent mettre en place des mesures de protection des eaux qui sont à la fois ciblées et efficaces. Cela permet de garantir que les ressources en eau restent disponibles et de bonne qualité pour les générations futures. De plus, la surveillance permet d'anticiper les problématiques émergentes, telles que la présence de micropolluants, qui peuvent avoir des effets néfastes sur la faune et la flore aquatiques, ainsi que sur la santé humaine. Les changements climatiques, qui peuvent entraîner des variations dans la qualité et la quantité des eaux, sont également pris en compte dans cette surveillance.
Le suivi des rivières du canton est basé sur une approche pluridisciplinaire, intégrant les enseignements acquis sur le terrain et les méthodes développées par la Confédération. Cette approche permet d'obtenir une évaluation complète de la qualité des cours d'eau, en prenant en compte à la fois les aspects hydrobiologiques et physico-chimiques. La qualité hydrobiologique, évaluée par des indices tels que l'IBCH et les diatomées, et la qualité physico-chimique, mesurée par les niveaux de nutriments et de micropolluants, sont suivies tout au long de l'année pour chaque rivière principale.
En ce qui concerne les lacs, des suivis réguliers sont également effectués pour garantir leur qualité. Le lac de Morat, par exemple, est prélevé une fois par mois, tandis que les lacs de la Gruyère et de Schiffenen sont prélevés une fois par an. Les autres petits lacs, tels que Lessoc, Montsalvens, Lac Noir et Pérolles, sont prélevés une fois tous les cinq ans. Ces suivis permettent de détecter toute variation dans la qualité des eaux et de prendre les mesures nécessaires pour préserver ces précieux écosystèmes.
Diagnostic
- La qualité des eaux montre une nette amélioration depuis les années 1980, tant sur le plan biologique que physicochimique
- Cependant, la diminution des concentrations de certains nutriments (ex. orthophosphates) semble stagner dans les cours d’eau et les lacs et des efforts sont encore nécessaires pour atteindre un niveau global bon.
- Les concentrations en micropolluants mesurées dans les cours d’eau dépassent fréquemment les seuils écotoxicologiques pour les régions de plaine du canton, indiquant une pression anthropique et agricole significative sur ces milieux aquatiques.
- La présence de la moule quagga dans certains lacs appelle à une vigilance accrue face aux espèces invasives.
Micropolluants dans les cours d’eau (2017-2022)
Evolution récente de l'oxygène dissous dans le lac de Morat (2019-2024)
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La renaturation vise à restaurer les fonctions naturelles des eaux par :
- la mise en œuvre d’un espace réservé aux eaux (ERE) ;
- la revitalisation (amélioration de la morphologie des eaux par des mesures constructives) ;
- l’assainissement de la force hydraulique (débits résiduels, éclusées, régime de charriage, migration piscicole).
Ces mesures augmentent la biodiversité, améliorent la qualité des eaux, offrent des lieux récréatifs à la population et contribuent à la résilience des milieux face aux changements climatiques.
Les différents prélèvements d’eau ainsi que les aménagements et endiguements de cours d’eau réalisé par le passé ont participé à l’artificialisation et à la réduction de la diversité structurelle et naturelle des cours d'eau. Cela a porté atteinte aux fonctions des cours d’eau et à leurs biotopes.
Conformément à la planification cantonale des revitalisations, le canton de Fribourg prévoit de revitaliser 211 km de cours d’eau et 13 km de rives lacustres s d’ici 2090.
Selon la planification cantonale de l’assainissement de la force hydraulique (éclusées, régime de charriage, migration piscicole), les détenteurs des installations qui provoquent des atteintes graves aux eaux ont un délai jusqu’en 2030 pour prendre des mesures pour éliminer ces atteintes.
Les ERE conformes à la LEaux et l’OEaux sont publiés à titre d’information sur le portail cartographique cantonal depuis 2022. Les données ERE sont intégrées dans les plans d’aménagement local des communes afin de les rendre contraignants. Le droit fédéral pose des restrictions de constructions sur les terrains situés dans l’ERE. Seule la partie située en dehors de l’ERE reste constructible. Le droit fédéral pose également des restrictions d’utilisation dans l’ERE (produits phytosanitaires, engrais et labours interdits).
Diagnostic
- Un tiers des cours d’eau (env. 800 km), ayant fait l’objet de relevés écomorphologiques, sont fortement aménagés ou mis sous terre.
- De nombreux obstacles empêchent la migration des poissons.
- Il existe un déficit de charriage en aval des grands aménagements hydroélectriques.
- La variation très brusque et importante du débit en aval des grands aménagements hydroélectriques (éclusées) a des effets négatifs sur la faune aquatique.
- L’espace réservé aux eaux est légalisé dans 60% des communes.
Planification des revitalisations
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Les avalanches, les dangers naturels gravitaires ou de ruissellement causent de nombreux dégâts, des blessés et parfois des morts. Le Service de l’environnement a notamment pour tâche de fournir les bases existantes en matière de dangers naturels d’inondations et de laves torrentielles en particulier des cartes des dangers et un cadastre des ouvrages.
Inondations et laves torrentielles
Dans la gestion des dangers naturels, les cartes de dangers sont l’un des outils principaux de prévention et de limitation des dommages. La zone préalpine du canton a été étudiée tout processus confondu lors d’une première étape achevée en 2005. Une seconde étape a été réalisée en 2015 dans la zone du Plateau pour les dangers d’inondations.
Depuis 2018, la publication de la carte indicative de l’aléa de ruissellement a permis d’avoir une vision plus complète des dangers liés à l’eau. Une analyse menée par le SEn a permis d’identifier les lacunes et de procéder à des compléments cartographiques. Parallèlement, les cartes de dangers ont été régulièrement mises à jour, notamment suite à la réalisation de mesures de protection. Dès 2020, les cartes de dangers d’inondations et de laves torrentielles ont été révisées dans la zone préalpine pour répondre aux exigences en la matière.
De nombreux ouvrages de protection ont été érigés aux abords des cours d’eau et des lacs pour protéger les biens et les personnes. Plus de 1200 ouvrages ont fait l’objet de relevés ponctuels depuis 2005 et sont recensés dans l’inventaire cantonal. En 2021, une nouvelle méthode permettant de visualiser plus précisément la localisation de ces ouvrages a été mise en place.
Des études sont en cours pour analyser le besoin d’adaptation des cartes de dangers vis-à-vis des changements climatiques. Une brochure présentant les scénarios climatiques et hydrologiques pour le canton a été publiée début 2025.
Diagnostic
- Presque l’entier du territoire cantonal est cartographié pour les dangers liés à l’eau.
- De nombreux bâtiments se trouvent en zones de dangers d’inondation et laves torrentielles.
- Un faible pourcentage de bâtiments est situé en degré de dangers élevé.
- De nombreuses mesures de protection contre les crues sont réalisées ou en cours de réalisation.
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La variabilité naturelle du débit et de la température de l’eau joue un rôle fondamental dans le bon fonctionnement écologique des cours d’eau. Les écosystèmes aquatiques et les zones alluviales se sont adaptés à ces fluctuations constantes, qui font partie intégrante de leur dynamique naturelle.
Toute modification artificielle de cette variabilité - qu’il s’agisse d’une réduction ou d’une amplification - peut avoir des conséquences négatives sur l’équilibre écologique. Par exemple, les variations brutales et fréquentes du débit observées en aval des installations hydroélectriques (phénomènes de marnage) dépassent les seuils naturels de tolérance des espèces aquatiques, qui ne sont pas adaptées à de tels changements.
De même, le détournement d’une part importante du débit pour la production d’énergie constitue une altération significative de l’état naturel des milieux. Le respect d’un débit minimal dans les tronçons à débit résiduel est donc essentiel pour limiter ces impacts.
Par ailleurs, l’introduction d’eaux pluviales issues des zones urbanisées dans de petits cours d’eau peut provoquer, lors d’épisodes orageux, des crues subites. Ces crues, bien que de faible ampleur, peuvent entraîner la disparition de nombreuses espèces sensibles, notamment des amphibiens et des insectes.
En période de basses eaux, les cours d’eau se réchauffent plus rapidement, ce qui accentue les effets des sécheresses estivales. Ce phénomène est aggravé par les prélèvements d’eau, la canalisation des rivières et l’absence de végétation rivulaire. Le changement climatique renforce encore ces tendances, avec des étés plus chauds et plus secs, mettant en péril de nombreuses espèces aquatiques non adaptées à des températures élevées.
Enfin, la demande en eau, notamment pour l’irrigation agricole, tend à augmenter, ce qui accentue la pression sur les milieux aquatiques.
Diagnostic
- Plusieurs tronçons de cours d’eau présentent un déficit en matière de variabilité naturelle du débit et de la température de l’eau, notamment en aval des barrages.
- De nombreux écosystèmes aquatiques souffrent encore des pics de crue fréquents causés par l’évacuation des eaux pluviales urbaines. Ces événements perturbent fortement la faune aquatique, en particulier les espèces sensibles.
- Les sécheresses estivales deviennent plus fréquentes et les températures augmentent. Ces conditions nécessitent des restrictions plus fréquentes et prolongées des prélèvements d’eau dans les cours d’eau concernés, ce qui représente un défi croissant pour le secteur agricole.
- Le manque de diversité structurelle dans le lit des rivières ainsi que l’absence de végétation accentuent encore le réchauffement des eaux, aggravant les effets du changement climatique sur les écosystèmes aquatiques.
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STEP
Dans le domaine du traitement des eaux usées, une tendance au regroupement des petites stations d'épuration se dégage en Suisse depuis quelques années. Ainsi, il y a moins d'installations, mais elles sont plus importantes. Cela signifie que l'organisation du traitement des eaux usées est de plus en plus économique et professionnelle, garantissant une protection des eaux efficace. A terme et selon la planification des régionalisations, 11 STEP d'importance cantonale traiteront les eaux usées. D’importants travaux sont en cours ou vont débuter durant les prochaines années. Pour cette raison l'évolution de la tendance est considérée comme positive.
Diagnostic
- La qualité de l’eau rejetée par les STEP fribourgeoises est globalement bonne. L’abattement des macropolluants (matière organique, phosphore, azote) devrait être encore amélioré par la modernisation de certaines STEP.
- La mise en oeuvre du traitement des micropolluants selon la planification cantonale permettra de résoudre une grande partie du problème lié à ces substances dans les eaux.
- La régionalisation et modernisation des STEP devrait aussi renforcer la professionnalisation de l’exploitation et la sécurité de fonctionnement.
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Depuis 2014, les inspecteurs de l’Inspectorat Chantiers Fribourg contrôle la gestion des eaux sur les chantiers :
- WC ;
- centrales à béton ;
- silos mortier/plâtre ;
- citernes et stockage des liquides polluants ;
- mode d’évacuation des eaux (traitées, infiltrées, pompées) ;
- genre de traces constaté (béton, hydrocarbure, peinture) ;
Environ 160 contrôles de la gestion des eaux ont lieu chaque année sur les chantiers.
Diagnostic
- La gestion des eaux sur les chantiers a montré des progrès notables, avec 68% des chantiers conformes en 2014 et 85% en 2024.
Le Service de l’environnement (SEn) établit et tient à jour un registre des installations d’entreposage contenant des liquides de nature à polluer les eaux tels que le mazout, l’essence et le diesel.
Le nombre de réservoirs stockant ces liquides polluants diminue depuis 2010 mais reste conséquent. Afin de réduire les risques, le SEn veille à la surveillance des citernes situées en zones S de protection des eaux.
De manière générale, l’ensemble des propriétaires d’installations sont tenu-e-s de respecter certaines prescriptions en veillant au contrôle périodique, à l'exploitation et à l'entretien des constructions et des appareils nécessaires à la protection des eaux. Une partie des installations d’entreposage doivent être contrôlées tous les 10 ans au moins selon le danger qu’elles représentent pour les eaux. Les systèmes de détection des fuites des installations d’entreposage doivent être contrôlés tous les 2 ans pour les réservoirs et les conduites à double paroi.
Diagnostic
- Le nombre d’installations en zones S de protection des eaux diminuent.
- Les contrôles permettent d’éviter les pollutions.