Réalisé sur mandat du canton de Fribourg, principalement sur les données de l’Enquête suisse sur la santé 2022, ce rapport propose un état des lieux complet de l’état de santé de la population fribourgeoise, de ses comportements en matière de santé et des conditions de vie et de travail pouvant influer sur la santé. Il présente également un aperçu du système de santé et du recours à ce dernier dans les domaines ambulatoire, stationnaire et des soins de longue durée. Objectif : disposer d’une comparaison avec le reste de la Suisse, établir un bilan de santé global de la population et détecter l’évolution des comportements dans le temps, afin d’adapter la planification globale en matière de prévention et promotion de la santé, selon les besoins prioritaires décelés.
Globalement, si la population fribourgeoise se sent dans sa grande majorité (83.9%) en bonne santé, l’état de santé auto-évalué est plus faible chez les personnes âgées et celles en situation financière difficile, alors qu’il est plus élevé chez les personnes avec un niveau de formation élevé. En 2022, la population fribourgeoise a effectué en moyenne 9,4 consultations ambulatoires. C’est moins que la moyenne suisse (10,5 consultations).
Comme d’autres cantons romands, Fribourg présente une proportion supérieure à la moyenne suisse de personnes vivant sans se préoccuper particulièrement de leur santé.
Troubles physiquesLe rapport relève que 65,6 % de la population fribourgeoise souffre de troubles physiques tels que maux de dos, insomnies et faiblesse générale, un taux supérieur à la moyenne nationale (59,1 %). Contrairement à la tendance observée au niveau national, l’âge n’est pas un facteur déterminant dans ce canton. Les troubles les plus fréquents sont les douleurs dorsales ou rénales, le sentiment de faiblesse et les troubles du sommeil, ces derniers touchant près d’un tiers de la population.
58.1% des Fribourgeoises et Fribourgeois font attention à leur alimentation, c’est moins que la moyenne suisse (70.8%). Cependant, la consommation de fruit et légumes reste supérieure à la moyenne suisse. Depuis 2002, l’activité physique est en augmentation, surtout parmi les personnes de plus de 65 ans. Pour cette classe d’âge, le taux de personnes actives est passé de 41.4% en 2002 à 64.9 % en 2022. De manière générale et pour tous les âges confondus, 69.1% des personnes ont une activité physique suffisante pour la santé, c’est moins que le niveau suisse (76%).
Le taux d’hospitalisations en soins aigus est plus bas dans le canton (135 cas pour 1000 personnes résidentes) qu’en Suisse (142 cas). Depuis 2012, il est en baisse dans le canton comme en Suisse.
Troubles psychiques23 % de la population souffre de détresse psychologique, une proportion stable depuis 2006 mais supérieure à la moyenne nationale (17,8 % en 2022). Les niveaux d’énergie et de vitalité faibles concernent 35,2 % des personnes, et 38,8 % présentent des symptômes de dépression modérés à sévères. Les jeunes classe d’âge indiquent être plus affectés par des symptômes modérés à sévères de dépression que les 65 ans et plus. De plus, 8,9 % ont eu des pensées suicidaires dans les deux semaines précédant l’enquête, un chiffre en hausse depuis 2012 (7,1 %) et légèrement supérieur à la moyenne nationale (8,4 %). Les jeunes femmes (15–19 ans) sont spécifiquement touchées.
7.6% de la population fribourgeoise a un diagnostic médical de dépression. C’est 3.4 points de pourcentage de plus qu’en 2017.
Concernant l’usage des écrans, 7,7% de la population du canton déclare un usage problématique, un chiffre atteignant 20,8% chez les 15 à 24 ans.
Si le rapport constate une augmentation, le recours à l’hospitalisation en psychiatrie reste plus faible dans le canton de Fribourg qu’en Suisse. Ainsi, le taux d’hospitalisation pour 1000 habitants est passé de 8.1 en 2017 à 8.6 en 2022, Au niveau national, pour la même période, ce taux est passé de 9 hospitalisations pour 1000 habitants à 9.3.
La santé mentale est déjà reconnue comme un enjeu majeur de santé publique dans notre canton et reste une priorité. Des réalisations comme l’ouverture des urgences psychiatriques, l’introduction progressives de diverses spécialisations et consultations ont ainsi été mises en place ces dernières années. Le Programme cantonal alimentation, activité physique, santé mentale agit en amont de ces problématiques et soutient de nombreuses mesures qui visent à renforcer les compétences et les ressources des enfants, des jeunes et des seniors pour favoriser une bonne santé mentale tout au long de la vie. Des mesures et actions telles que celles mises en place par l’AFAAP , PréSuiFri , REPER ou la campagne Santépsy permettent d’accompagner et de sensibiliser la population fribourgeoise à l’importance de prendre soin de sa santé mentale autant que de sa santé physique.
Une approche intersectorielle et complémentaire
Les résultats de ce rapport complètent d’autres études réalisées sur des groupes-cibles différents et démontrent que les axes prioritaires de la Stratégie cantonale de prévention et promotion de la santé ciblent les bonnes problématiques. Les comportements individuels, tels que les habitudes alimentaires, le niveau d’activité physique ou la consommation de substances psychoactives influent directement sur l’état de santé. Un mode de vie sain constitue un facteur de protection face aux maladies non-transmissibles telles que le cancer, le diabète et les maladies cardiovasculaires, réduisant ainsi le risque de décès prématuré et d’atteinte au bien-être et à la qualité de vie.
Le canton de Fribourg agit ainsi sur les différents déterminants via notamment les actions de ses différents programmes cantonaux, et ce en privilégiant une approche intersectorielle et complémentaire à d’autres stratégies. Les résultats du rapport permettront d’affiner les différentes actions et mesures prévues et d’en définir de nouvelles.