Le radon est un gaz radioactif, incolore, inodore et chimiquement inerte. Il est issu de la désintégration de l’uranium et du radium présents naturellement dans le sol et les roches et d’où il peut émaner dans l’air ambiant. Sa concentration moyenne dans l’air extérieur est généralement faible, le plus souvent inférieure à une dizaine de becquerels par mètre cube (Bq/m3).
L’isotope principal est le radon 222 qui se désintègre lui-même en polonium, en bismuth et en plomb également radioactifs. Ces descendants solides du radon peuvent s’associer aux aérosols et aux poussières de l’air, être inhalés et se déposer le long des voies respiratoires en provoquant leur irradiation.
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Le radon et ses descendants radioactifs peuvent pénétrer dans les poumons, se déposer sur le tissu pulmonaire et l’irradier avec pour conséquence possible un cancer du poumon. Il n’existe pas de marqueur biologique pour un individu permettant d’identifier hors de tout doute qu’un cancer du poumon est dû au radon. Sur la base d’études épidémiologiques, on estime toutefois que le radon fait entre 200 et 300 victimes par année en Suisse ce qui en fait la deuxième cause de cancer du poumon après le tabagisme. Le risque augmente en fonction de la durée d’exposition et de la concentration en radon et il n’existe pas de seuil d’innocuité en-dessous duquel il n’est pas dangereux. L’OMS estime que le risque de cancer du poumon dû au radon augmente d’environ 16 % pour chaque hausse de 100 Bq/m3 de la concentration sur le long terme. Elle estime également que le risque de contracter un cancer du poumon dû au radon est 25 fois plus élevé pour les fumeurs que pour les non-fumeurs.
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S’il est très dilué dans l’air extérieur, le radon peut en revanche s’accumuler dans les bâtiments et atteindre des teneurs très élevées, de l’ordre de plusieurs centaines, voire milliers de Bq/m3. La concentration en radon dans les bâtiments dépend essentiellement de :
- La nature du sol : sa teneur en uranium et sa perméabilité.
- L’étanchéité des fondations : toutes les voies d’infiltration telles que fentes et fissures, passages de conduites ou de câbles, caves avec sol naturel.
- La circulation de l’air à l’intérieur : l’air chaud monte dans les bâtiments, surtout en période de chauffage, ce qui crée une faible dépression dans les étages inférieurs : c’est l’effet cheminée, principal responsable du transport du radon depuis le sol vers l’intérieur de la maison ; en général, on retrouve des concentrations plus élevées dans les sous-sols et aux rez-de chaussée.
- Les échanges d’air et l’intérieur et l’extérieur : Ceux-ci dépendent des caractéristiques de l’enveloppe du bâtiment et des habitudes d’aération des occupants.
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Agrandir Représentation des flux principaux influençant la concentration en radon dans les bâtiments © Etat de Fribourg - Staat Freiburg -
Il n’est pas possible d’éliminer toute exposition au radon. Les objectifs de la politique de protection contre le radon visent à réduire l’exposition globale de la population, en particulier aux concentrations élevées ainsi que dans les endroits jugés sensibles tels que les écoles et les jardins d’enfants.
Pour diminuer l’exposition globale au radon, la législation fédérale sur la radioprotection a été modifiée en 2018 et a abaissé de 1000 à 300 Bq/m3 le niveau de référence du radon pour les locaux dans lesquels séjournent régulièrement des personnes, reprenant ainsi les recommandations de l’OMS. Les priorités d’action sont mises sur les nouvelles constructions et sur les bâtiments transformés.
Pour les écoles et les jardins d’enfants, la législation demande que des mesures du radon soient effectuées dans tous les locaux régulièrement occupés des sous-sols et des rez-de-chaussée. En cas de dépassement dans un local où des personnes séjournent régulièrement (plus de 15 heures par semaine), le canton dispose de 3 ans pour ordonner un assainissement. Les délais d’assainissement recommandés par les lignes directrices de l’OFSP sont actuellement de 3 ans pour les concentrations mesurées supérieures à 600 Bq/m3 et de 10 ans pour les valeurs comprises entre 300 et 600 Bq/m3.
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En Suisse, c’est principalement dans le Jura et les Alpes que se situent les zones à fortes concentrations en radon. Cependant, on peut trouver également sur le Plateau suisse des bâtiments avec des valeurs élevées. Du fait de la variabilité des sols, des bâtiments et des habitudes des utilisateurs, les différences locales peuvent être très marquées, y compris entre deux bâtiments adjacents. C’est pourquoi, seule une mesure de la teneur en radon permet d’en connaître celle-ci.
Les lignes directrices de l’OFSP aident à évaluer le niveau de priorité d’une mesure du radon dans un bâtiment donné. Cette priorité est calculée à l’aide de la carte de la probabilité de dépassement de la valeur de référence et des caractéristiques du bâtiment.
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- Lignes directrices sur le radon, Office fédéral de la santé publique (OFSP)
- Carte du radon en Suisse, Office fédéral de la santé publique (OFSP)
Agrandir Carte de la probabilité de dépassement de la valeur de référence du radon (300 Bq/m3) dans les bâtiments © OFSP, www.carte-radon.ch -
Entre 2001 et 2010, plusieurs campagnes ont été orchestrées par le service du chimiste cantonal. Le radon a été mesuré dans 3200 bâtiments du canton pour une valeur moyenne de 101 Bq/m3. Cette valeur se rapporte essentiellement aux étages inférieurs (rez + sous-sols) dans lesquels 88 % des mesures ont été effectuées et est considérée comme un risque faible. A notre connaissance, l’assainissement d’un seul bâtiment a été exigé. Ces mesures ont permis d’établir la carte du radon pour le canton de Fribourg.
La base de données fédérale du radon (état au 01.07.2022) contient 5131 mesures répertoriées depuis 1982 et réalisées dans le canton de Fribourg. 215 valeurs dépassent le niveau de référence de 300 Bq/m3, dont 128 dans des locaux occupés plusieurs heures par jour. Pour les mesures réalisées avant 2018, il a été conseillé aux propriétaires d’effectuer de nouvelles mesures du radon conformément aux protocoles de mesure actuels.
Avec la modification de l’ordonnance sur la radioprotection (ORap), l’OFSP a adoptés de nouveaux protocoles de mesure du radon. Les mesures doivent être effectuées par un service de mesure du radon agréé. Les mesures reportées sur la carte n’ont pas toutes été effectuées selon les protocoles de l’OFSP. C’est pourquoi, celles-ci doivent être répétées lorsque l’ORaP ou le canton exige des mesures du radon. Pour les écoles et les jardins d’enfants, des mesures doivent être effectuées selon les protocoles actuels dans tous les locaux régulièrement occupés plusieurs heures par jour et les salles de classe situées au sous-sol et au rez-de-chaussée. Pour cela, les propriétaires des bâtiments concernés doivent prendre contact avec un service de mesure agréé pour organiser les mesures.
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Carte du radon en Suisse, Office fédéral de la santé publique (OFSP)
Agrandir Valeurs des mesures de la concentration en radon dans le canton de Fribourg (état au 31.07.2022) © Source : OFSP, www.carte-radon.ch -
La concentration en radon peut varier à l’intérieur d’un même bâtiment en fonction de la saison, des jours et des heures. Pour tenir compte de ces variations et pour évaluer la concentration annuelle moyenne, les mesures agréées du radon doivent être effectuées sur une période d’au-moins 3 mois, généralement en période de chauffage.
Pour réaliser une mesure du radon, il faut prendre contact avec un service figurant sur la liste des services de mesures agréés de l’OFSP qui sont seuls habilités à effectuer des mesures reconnues. Les mesures sont réalisées à l’aide de capteurs passifs, discrets et inoffensifs qui sont posés sous scellés par le service puis envoyés à un laboratoire pour l’analyse.
Il est également possible de déterminer la concentration en radon sur des périodes plus courtes de l’ordre de quelques jours (minimum 5 jours). Ces mesures rapides permettent d’estimer la probabilité de dépassement de la valeur de référence de 300 Bq/m3 mais ne remplace pas les mesures agréées réalisées pendant au moins 3 mois.
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Lorsque la concentration en gaz radon dépasse la valeur limite de 300 Bq/m3 dans des locaux où séjournent régulièrement des personnes, il faut assainir le bâtiment. La teneur en radon peut être réduite par des mesures visant à diminuer la sous-pression dans le bâtiment, à faire obstacle au radon provenant du sol, à entraver sa propagation dans l'habitat ou encore à l'évacuer du lieu d'habitation. Avant d’entreprendre un assainissement, il est possible de demander conseil auprès d’un-e consultant-e en radon ayant suivi une formation reconnue par l’OFSP.
Dans le cas des nouvelles constructions, le maître d’ouvrage doit veiller à ce que des mesures de construction préventives correspondant à l’état de la technique soient mises en œuvre afin d’atteindre une concentration de gaz radon inférieure à 300 Bq/m3. En règle générale, il est préférable de prévoir des mesures de protection préventive dans un bâtiment neuf ou lors de travaux de rénovation et il sera plus onéreux d’assainir ultérieurement un bâtiment existant.
S’il est constaté un dépassement du niveau de référence de 300 Bq/m3 après la réalisation d’une transaction immobilière, le-a vendeur-se s’expose à des prétentions de la part de l’acheteur-se. Les propriétaires peuvent s’adresser au Service de l’environnement pour demander si des mesures du radon ont déjà été réalisées dans leur bâtiment.
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