- Quelles sont les pratiques réelles des enfants et ados suisses sur lnternet et plus particulièrement sur les réseaux sociaux ?
- En quoi ces pratiques se distinguent-elles de celles des jeunes européens?
- Quelles dérives sont constatées sur le terrain?
- Quels besoins émergent en terme d'accompagnement et de prévention?
Si pendant plusieurs années on manquait de données sur les usages MITIC des enfants et adolescents suisses, depuis 2010, 2 projets de recherche effectuent un suivi longitudinal et quantitatif de ces usages:
Une étude importante pour la Suisse est l'étude JAMES. Débutée en 2010 par la Haute Ecole de sciences appliquées de Zürich (ZHAW) avec un financement de Swisscom, cette étude est la première menée de manière systématique dans les 3 régions linguistiques.Un premier rapport a été publié en 2011, puis des dossiers d'appronfondissement ont été établis (impact des MITIC sur les résultats scolaires, dangers des réseaux sociaux, l'utilisation des médias et la qualité du sommeil, etc.).
Des données ont été collectées depuis tous les deux ans.
Jeunes et médias numériques : ce que révèle l’étude JAMES 2024
L’étude JAMES 2024, menée auprès de 1 183 jeunes suisses âgés de 12 à 19 ans, dresse un portrait détaillé de leurs usages numériques, de leurs loisirs et des risques auxquels ils sont exposés. Voici les points clés à retenir pour mieux accompagner les adolescents dans leur vie numérique.
- Les grandes tendances
- Smartphone omniprésent : 99 % des jeunes en possèdent un. Ils l’utilisent en moyenne 3h par jour en semaine et 4h le week-end.
- Les 4 applications reines : WhatsApp, Snapchat, Instagram et TikTok sont les plus utilisées, tous profils confondus.
- Intelligence artificielle : 71 % des jeunes connaissent ChatGPT ou des outils similaires, et 34 % les utilisent régulièrement.
- Temps passé en ligne : 3h07 en semaine, 4h30 le week-end.
- Jeux vidéo : entre passion et vigilance
- 80 % des jeunes jouent au moins occasionnellement, surtout à des jeux gratuits comme Brawl Stars, Fortnite ou Minecraft.
- Les garçons jouent plus souvent et plus longtemps que les filles.
- Des pratiques à surveiller : microtransactions, non-respect des limites d’âge, pression sociale dans les jeux.
- Loisirs hors écran : toujours présents
- Les jeunes continuent à pratiquer des activités non numériques : sport, rencontres entre amis, détente.
- La lecture reste appréciée, avec Harry Potter en tête des livres préférés.
- Risques numériques : ce qu’il faut savoir
- Cyberharcèlement
- 25 % des jeunes ont été insultés en ligne plusieurs fois.
- 43 % reconnaissent avoir eux-mêmes insulté quelqu’un.
- Harcèlement sexuel en ligne
- 36 % ont reçu des questions sur leur corps.
- 33 % ont été abordés avec des intentions sexuelles non désirées.
- Les filles sont plus touchées que les garçons.
- Sexting
- 8 % ont déjà envoyé des photos érotiques d’eux-mêmes.
- Les garçons consomment plus de contenus pornographiques, mais les filles sont plus souvent sollicitées pour en envoyer.
- Contenus violents
- 36 % ont déjà regardé des vidéos violentes.
- Les garçons sont deux fois plus nombreux que les filles à le faire.
- Conseils pour les parents
- Encouragez le dialogue ouvert et bienveillant sur les pratiques numériques.
- Apprenez à connaître les applications et jeux utilisés par vos enfants.
- Sensibilisez-les à l’importance de la vie privée, du respect en ligne et de l’esprit critique.
- Accompagnez-les dans l’usage des outils d’IA comme ChatGPT.
- Rappelez les règles de sécurité et les limites d’âge pour les contenus et les jeux.
Pour aller plus loin :
Tous les résultats de l'étude James 2024 sont accessibles ici :
Résumé de la MIKE-Studie 2021 – Enquête sur les usages numériques des enfants en Suisse
La MIKE-Studie 2021, menée par la ZHAW (Haute école zurichoise des sciences appliquées), analyse tous les deux ans les activités de loisirs et les usages médiatiques des enfants âgés de 6 à 13 ans en Suisse. L’édition 2021 repose sur les réponses de 1 059 enfants et 597 parents.
- Loisirs des enfants : la prédominance du non-numérique
- Les enfants passent majoritairement leur temps libre à jouer, faire du sport, voir leurs amis et passer du temps en famille.
- Les activités numériques les plus fréquentes sont regarder la télévision, écouter de la musique, lire des livres et jouer à des jeux vidéo.
- Les garçons préfèrent les jeux vidéo, tandis que les filles privilégient la lecture et les films.
- Accès aux appareils numériques
- La plupart des foyers disposent de smartphones, téléviseurs, ordinateurs, tablettes.
- Le niveau socio-économique influence fortement l’accès aux équipements numériques.
- À partir de 10 ans, plus de la moitié des enfants possèdent leur propre téléphone portable ; à 12-13 ans, c’est le cas de 75 %.
- Usages numériques en évolution
- L’usage d’Internet, de YouTube, de Netflix et des réseaux sociaux augmente avec l’âge.
- TikTok est le réseau social le plus utilisé (37 % des enfants l’utilisent chaque semaine).
- Les enfants utilisent leur téléphone pour communiquer, s’informer, jouer et regarder des vidéos.
- Expériences positives et risques
- La majorité des enfants rapportent des expériences positives avec les médias (apprentissage, divertissement).
- Toutefois, près de la moitié ont vu des contenus inappropriés ou effrayants.
- Des cas de cyberharcèlement (exclusion de groupes, insultes, envoi de contenus sans consentement) sont signalés, surtout chez les plus âgés.
- Rôle des parents et de l’éducation aux médias
- Les parents sont des modèles dans l’usage des médias.
- La majorité se sentent compétents en éducation aux médias, mais les parents moins diplômés sont sous-représentés dans l’étude.
- Les sources d’information privilégiées sont les sites web, les amis/famille, et les livres ou brochures.
- Impact de la pandémie de COVID-19
- Une augmentation temporaire de l’usage des médias a été observée pendant les confinements.
- Les enfants ont amélioré leurs compétences numériques (utilisation d’outils scolaires, communication à distance).
- Les habitudes sont revenues à la normale après la pandémie, mais certains parents ont eu du mal à réinstaurer des règles.
Conclusion
L’étude souligne l’importance de l’accompagnement parental et de l’éducation aux médias pour permettre aux enfants de naviguer en toute sécurité dans le monde numérique. Elle appelle à une promotion équitable des compétences numériques, notamment pour les familles moins favorisées.
Tous les résultats de l'étude MIKE 2021 sont accessibles ici :