En 2012, la Journée mondiale de l'eau a lieu sous le thème " Eau et sécurité alimentaire " et " Le monde a soif parce nous avons faim ". Il s'agit ainsi de pointer du doigt nos modes de consommation qui ont un impact considérable sur la consommation mondiale de l'eau. En Suisse, nous consommons en moyenne 162 litres d'eau par personne et par jour pour la boisson, la cuisine, l'hygiène et les autres tâches ménagères. Chaque personne consomme 2000 à 5000 litres d'eau supplémentaires, qu'on appelle " eau virtuelle ".
L'eau virtuelle est la consommation d'eau indirecte, dépendante de la nourriture que nous mangeons et des produits que nous achetons. Selon la dernière étude du WWF pour la Suisse, la population suisse consomme en moyenne 4200 litres d'eau virtuelle par personne et par jour. De l'eau virtuelle est ainsi contenue dans chaque produit ou denrées alimentaires que nous consommons quotidiennement. On estime que la production agricole contribue à la consommation d'environ 70% de l'eau virtuelle.
Mais il y a toutefois des différences significatives selon le type de produit. Ainsi, une tasse de café contient 140 litres d'eau virtuelle, 1 kg de pommes de terre 250 litres, 1 kg de riz 3400 litres, 1 kg de viande de bœuf atteignant quant à lui 15'000 litres. Il est cependant aussi vrai que des marchandises similaires peuvent contribuer différemment à la consommation d'eau virtuelle. Ainsi l'utilisation d'eau pour une tomate suisse est plus faible que pour une tomate du sud de l'Europe, comme il y également une différence entre une tomate suisse cultivée sous serre ou irriguée.
Une distinction entre eau " verte ", " bleue " et " grise " peut ainsi être faite. L'eau " verte " provient des précipitations naturelles et de l'humidité du sol. L'eau " bleue " consiste en l'irrigation, tandis que dans l'eau " grise " est l'eau utilisée pour la fabrication et l'utilisation d'engrais et de pesticides. Les produits dits " biologiques " et de proximité ont ainsi un bilan en eau deux fois meilleur que les produits cultivés dans des régions lointaines et transportés vers la Suisse.
Un autre point important pour le concept d'eau virtuelle est la proportion d'eau importée, donc la partie provenant des importations de marchandises en Suisse. Pour la Suisse, cette proportion est estimée à environ 80% de toute l'eau virtuelle consommée. Ce qui pose un problème global pour l'environnement lorsque cette eau provient des régions sèches, à l'exemple de l'Australie, qui exporte une grande quantité d'eau virtuelle tout en étant l'une des régions les plus arides du monde. L'eau virtuelle consommée à travers le monde provient principalement des pratiques agricoles. Les conséquences sont alors dévastatrices par la surexploitation des régions touchées qu'elles induisent: les cours d'eau peuvent s'assécher partiellement ou totalement, et le niveau des lacs continuellement baisser, à l'exemple de la mer d'Aral, qui a vu son volume d'eau diminuer de 80% entre 1960 et 2000. Dans la même dynamique, les niveaux des nappes phréatiques s'approfondissent, provoquant le tarissement des sources ou puits d'exploitation. Les zones humides disparaissent, entraînant une perte importante de biodiversité. En parallèle, l'accroissement de l'irrigation renforcée des terrains agricoles entraine un lessivage accru des engrais et pesticides, provoquant la pollution des eaux souterraines et des rivières. Au niveau mondial, les zones irriguées ont doublé au cours des quarante dernières années, passant de 150 à 300 millions d'hectares.
Comment chaque individu peut-il alors contribuer à ce que les ressources mondiales en eau ne soient pas surexploitées ? Que les régions où les pluies sont rares ne gaspillent pas leurs précieuses ressources en eau ? Il est difficile d'estimer en soi combien d'eau virtuelle est contenue dans un produit individuel. Il y a cependant quelques règles qui permettent de diminuer sa contribution à l'utilisation de l'eau mondiale.
La plus grande partie de l'eau utilisée dans l'agriculture est associée à la production de viande. Ainsi la consommation d'eau pour produire de 20 kg de viande de bœuf équivaut à celle pour la construction d'un véhicule familial. L'inventeur du concept d'eau virtuelle, Tony Allan, commente ce thème-là par une seule phrase : " soyez raisonnable, mangez moins de viande ! ".
De manière générale, la première possibilité est d'acheter de la nourriture à faible teneur en eau virtuelle, comme les produits estampillés " biologiques " et de provenance locale. Il en va de même pour le shopping adapté aux saisons. Pour tout transport ou dans toute production dans une serre, par exemple, de l'eau virtuelle est cachée.
Enfin, il est également possible d'améliorer son comportement en terme de consommation et de façon de cuisiner, en produisant moins de déchets et en réutilisant d'autre part les restes les jours suivants.
En conclusion, chaque être humain, en modifiant simplement sa façon de manger, peut contribuer à préserver notre ressource la plus précieuse, l'eau. Dans les ménages suisses, les économies d'eau sont déjà en grande partie une chose acquise, ce qui est bien. Nous devrions cependant penser à plus grande échelle, à des régions qui ne sont pas aussi richement dotées en eau, et ainsi adapter en conséquence nos comportements de consommateurs. Le cycle de l'eau nous en sera reconnaissant.
Eau utilisée pour la production d'aliments
Source: www.unwater.org/worldwaterday
Informations complémentaires
www.unwater.org/worldwaterday
www.fao.org
http://www.bafu.admin.ch/dokumentation/umwelt/11674/11690/index.html?lang=fr
www.wwf.ch Rapport " Etude de l'empreinte hydrique suisse "