Félicien Morel, (1935), socialiste, puis social-démocrate
Après son école primaire à Fribourg et un début d’apprentissage de serrurier, il se forme comme employé de commerce. Soucieux de parfaire ses connaissances, il étudie en autodidacte, ce qui lui permet d’entrer au Collège Saint-Michel en dernière année du baccalauréat commercial.
En 1957, il s’inscrit à l’Université, où il décroche une licence en sciences économiques et sociales. En 1960, grâce à une bourse, il obtient à Turin, où il perfectionne son italien, un certificat d’études supérieures européennes. Il complète sa formation par des stages en Allemagne et en Angleterre. De retour en Suisse en 1963, il enseigne au Collège Saint-Michel. En 1969, il devient secrétaire romand et rédacteur à l’Union PTT. A l’armée, il parvient au grade de capitaine.
Son avancement au sein du parti socialiste est fulgurant : 1970, conseiller communal à Belfaux ; 1971, député au Grand Conseil ; 1975, conseiller national (1975–1983). Il est candidat à la Préfecture de la Sarine en 1976. Au Conseil national, en 1981, il devient président du groupe parlementaire ; il est également vice-président du PSS. Au Parlement fédéral, il relance le débat sur la participation des travailleurs à la gestion des entreprises.
En 1981, Félicien Morel est élu au Conseil d’Etat fribourgeois. Il s’y impose à la Direction des Finances et il est réélu en 1986 et 1991. Durant ses quinze ans au Gouvernement, il procède à quatorze révisions de la loi sur les impôts cantonaux, souvent pour en baisser le taux. Il se fait respecter par la rigueur de sa gestion. La réduction sensible, de 1982 à 1990, d’une dette publique très lourde permet des investissements importants, notamment en matière de santé et d’instruction publique. Elle permet aussi d’améliorer la rémunération des collaborateurs de l’Etat. Il doit gérer la délicate affaire de spéculation immobilière sur les terrains de l’ancienne brasserie de Beauregard.
Sensible au retournement conjoncturel du début des années 90, Félicien Morel présente au Grand Conseil cinq programmes d’économies. Il prend des mesures structurelles : il soumet au législatif, en 1996, deux rapports sur la Nouvelle gestion publique : il y est notamment question d’une révision du statut de la fonction publique et de la politique de subventionnement. Il déploie une activité législative importante : lois sur la Banque cantonale (1988), sur la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat (1993) et sur les finances de l’Etat (1994). Il s’emploie encore à refondre toute la législation relative à la Direction des Finances (loi sur le registre foncier, loi sur les mensurations cadastrales, loi sur les droits de mutation et les droit sur les gages immobiliers).
Son expérience politique et son savoir-faire pouvaient légitimer une éventuelle candidature de Félicien Morel au Conseil fédéral. Rattaché à l’aile modérée de sa formation, il n’obtient pas, lors du congrès cantonal houleux de 1987 à Fribourg, la large majorité qu’il jugeait nécessaire. Cette défiance, plusieurs fois attestée, le conduit à démissionner du PS et à soutenir la fondation du parti social-démocrate (PSD). Cette scission n’entrave pas la carrière du grand argentier qui, en 1991, est brillamment réélu au Gouvernement fribourgeois. En 1991 encore, cédant aux sollicitations du PSD, Félicien Morel se présente, mais en vain, aux élections du Conseil des Etats.
S’il quitte le Gouvernement en 1996, Félicien Morel ne saurait abandonner toute activité publique. Il reste membre, jusqu’à fin 1999, du Conseil de banque de la Banque nationale. Il siège à l’Assemblée constituante fribourgeoise entre 2000 et 2004, ainsi qu’au Conseil général de Belfaux de 2001 à 2006 sous l'étiquette du Mouvement citoyen Arc-en-Ciel. Ce dernier l’envoie siéger à l’Assemblée constitutive de l’Agglomération. En outre, de 1998 à 2006, il préside la commission cantonale de la Loterie romande. Son engagement social s’exprime également dès 2003 par son appartenance au Conseil de la fondation Nicole Niquille pour l’hôpital de Lukla (Népal), dont il devient le trésorier. Alpiniste, c’est là-bas en 2001, après avoir escaladé le Cho-Oyu (8201 m) qu’il a découvert la situation sanitaire déplorable du peuple sherpa.
Extrait de : "Le Conseil d'Etat fribourgeois : 1848-2011"